Nguyen Dang Tam's tomb at Thuyen Ton pagoda Thua Thien Hue

Nguyen Dang Tam's tomb at Thuyen Ton pagoda Thua Thien Hue

An Cựu 1932

An Cựu 1932

At his An Cựu residence in 1932

At his An Cựu residence in 1932

At Bao Dai's coronation January 8th 1926 at Thái Hoà Palace

At Bao Dai's coronation January 8th 1926 at Thái Hoà Palace
first row 2nd left

sortie du cortège, couronnement Bảo Đại

sortie du cortège, couronnement Bảo Đại
behind the black tunic official

Nguyễn đăng Tam, 1st row, 2nd left

Nguyễn đăng Tam, 1st row, 2nd left

Bao Đai ceremony, second from the left

Bao Đai ceremony, second from the left

At Khai Dinh 40th birthday ceremony 1924

At Khai Dinh 40th birthday ceremony 1924

At entrance Cơ Mật Viện

At entrance Cơ Mật Viện

Sunday, September 18, 2011

Autrefois Hue: Périple et Retrouvailles

Tự Đức tomb
Tự Đức tomb
Nguyễn Đăng Tam with Bảo Đại and Nam Phương
Roi Kiến Phúc
imperatrice Nam Phuong
mausolée Khai Dinh
tombeau de Duc Đức 
prince Bao Long
empereur Tụ Đức




L'homme du demi-siècle auquel je suis n'avait pas remis les pieds dans la ville de Huế depuis 54 ans. Nous avions quitté pour toujours Hanoi la capitale du pays et berceau de ma naissance en 1954, une date fatidique gravée dans ma mémoire et dans le subconscient de tous les vietnamiens. L'année 1954 marquait la fin d'une guerre contre l'occupant colonial français mais elle concrétisait ainsi la fracture de notre pays en 2 camps ennemis,  prévoyant un conflit fratricide et plus meurtrier encore, et qui devrait durer 2 autres décennies.

Nous avions vécu à Huế une année, dans la villa de notre grand-père paternel à An Cựu, à proximité de la Cité Impériale. Les conditions ne s'y prêtant pas trop, nous étions allés vivre à Tourane, actuelle ville de Đà Nẵng où nous avions passé deux autres années, avant de nous établir définitivement à Saigon, en 1957, jusqu'à mon départ pour le Canada en 1968.

Que reste-t-il dans la mémoire d'un garçon ingénu de 5 ans, à l'âme innocente, après les épreuves qui le secouaient en si peu de temps? Je me souviens comme dans un rêve cet endroit enchanteur, avec cette grande villa aux murs robustes, située à quelques kilomètres de ces fortifications plus impressionantes encore de la Cité Impériale, bastion de la dynastie des Nguyễn, là où siégeait mon grand-père en tant que mandarin à la Cour impériale.

Nguyễn Đăng Tam
Je me souviens aussi de An Cựu ('oasis d'antan'), cette localité non loin de la Cour Impériale et sa rivière du même nom, avec son lit  dormant. Là en face du grand jardin elle coulait paisiblement, et   j'y allais me baigner allègrement durant les siestes fainéantes. Et gare aux sangsues qui se collèrent sur ma poitrine squelettique lorsque je me plongeai dans ce flot ondoyant!

De nos jours, An Cựu plus effervescente avec son marché animé s'est complètement transformée, réduisant encore davantage son cours d'eau déjà étroit. Lors de la 2ème journée à Huế, Hoà et moi, nous avons visité le palais An Dịnh ('refuge paisible') qui longe la rivière, construit en 1906 par l'empereur Thành Thái, aux murs peinturés d'un jaune criard. Là s'était réfugiée l'impératrice Nam Phương, durant son dernier séjour sur le sol natal avec ses enfants, sur le chemin de l'exil dans les années 50. Un peu plus loin, nous avons cogné à une grande porte d'une résidence coquette. Dans la cour intérieure une dame de 80 ans nous avait accueillis, avec cette allure aristocratique et ses traits immaculés qui ne dévoilaient pas son âge. D'une voix douce dans l'accent exquis du centre du pays, la princesse Mẫn s'était présentée à nous, étant la nièce de Đồng Khánh le 9ème empereur d'Annam. 

chez la princesse Mẫn
chez la princesse Mẫn
Nous étions amenés dans une salle où se trouve l'autel des ancêtres, rempli de photos de Sa Majesté Đồng Khánh (son oncle), de Bảo Đại le dernier empereur et son fils aîné Bảo Long. ''Mon devoir principal est d'honorer leur existence afin de préserver leur mémoire'' nous confiait la princesse. Voyant le portrait du beau Bảo Long dans son uniforme royal, je ne pus m'empêcher de demander ce qui advenait au prince héritier ces temps-ci. '' Son Altesse Impériale mourut l'année dernière à Paris...'' soupira la princesse émue. Chaque année elle organise une fête familiale à son adresse de An Cựu en l'honneur des membres de sa dynastie.

Dix ans après la mort de Bảo Đại le dernier souverain d'Annam en 1997, le fils aîné et prétendant au trône disparut à son tour à l'âge de 71 ans en France. Le prince était né en 1936 à Huế et avait habité juste à côté avec sa mère l'impératrice Nam Phương, dans le palais An Định durant la période du conflit en 1945. Contrairement à Bảo Đại qui avait la réputation de libertin, Bảo Long paraissait sérieux pour ne pas dire austère, à l'image de sa mère l'impératrice qui conservait jusquà la fin l'espoir de voir son fils un jour monter sur le trône.  Bảo Long affichait un désaccord ouvert avec son père durant ses années d'exil, étant plus proche de sa mère à tout point de vue.

En 1954, selon les dires de Nguyễn Mộng Điệp, concubine de Bảo Đại, Ngô đình Diệm le sérieux prétendant pour diriger le Sud Vietnam après les accords de Genève mettant fin aux hostilités de la 2ème guerre d'Indochine, avait élaboré un projet afin de rallier la famille impériale à la cause nationaliste. Passant outre Bảo Đại pour lequel il démontrait un mépris viscéral, Diệm avait voulu convaincre l'impératrice de rentrer au Sud Vietnam pour devenir régente. Pour unifier le peuple et légitimer un gouvernement Diệm, Bảo Long serait déclaré empereur succédant à son père sur le trône d'un Vietnam indépendant, l'époque de Bảo Đại étant à jamais révolue. Cette offre alléchante ne pouvait que séduire Nam Phương, qui voyait déjà son fils entrer dans l'histoire, et concrétiser le rêve d'une mère impératrice.  

mausolée Minh Mạng
tombeau Khải Định
hotel Thanh Nội, Huế


Cité Impériale
Cour d'honneur Minh Mạng
Mausolée Tự Đức

Diệm, traditionaliste inconditionnel, s'est toujours comporté de manière exemplaire car il a servi (et quitté) au début du règne de Bảo Đại en tant que ministre de l'intérieur en 1932. Il respectait profondément l'impératrice, ce qui rendait son projet d'autant plus crédible aux yeux des royalistes. Malheureusement, l'idée n'a pas fait long feu car Diệm, ressentant son influence et son autorité prendre de l'aile, ne voyait plus le besoin de tenir sa promesse. Ou tout ceci n'était que de la poudre aux yeux, une belle diversion avec l'assentiment des USA. L'affaire avait laissé un goût amer dans le camp de Bảo Đại en renforçant l'impression d'un Diệm usurpateur à l'esprit manipulateur et machiavélique. Avec Bảo Long aux commandes, le Vietnam aurait pu se frayer une autre voie en tant que monarchie constitutionnelle, après l'abdication humiliante de son père en 1945 devant les communistes de Hồ Chí Minh. 

Que son Altesse Impériale repose en paix sans porter de regret, au pays des Lumières, loin des vicissitudes du pays des Dragons, planète lointaine et terre ingrate, qui ne vous causerait que désespoir et désillusion, car votre règne ne saurait mieux briller que celui de votre père aux yeux de la postérité.

En vélo le long de la rivière, nous sommes enfin arrivés au site de la villa de Grand-Père. Après avoir dû demander maintes fois, il apparaît que la propriété avait complètement disparu. La route poussiéreuse s'entremêlait avec le cours d'eau au milieu d'une pagaille incroyable entre marchands ambulants et piétons qui s'adonnaient à leurs transactions quotidiennes. Nos vélos avaient du mal à se frayer un chemin dans cette multitude. La rivière An Cựu  a effectivement perdu sa rive se convertissant littéralement en égoût. Et de son eau opaque et remplie de détritus sortait une odeur nauséabonde indescriptible.

Je me rappelle de ces hauts murs entourant l'entrée principale surmontée de ces bougainvillées remplies de bractées violacées. De là nous nous dirigeâmes vers un triple escalier qui mène l'invité à une salle de réception spacieuse d'une villa classique et élegamment conçue. Pour le petit garçon que j'étais, le temps s'arrêta durant cette époque, dans une ambiance sereine et de paix retrouvée: ici se trouvait un environnement idyllique, loin des contingentements humains et des préoccupations d'adulte.

Ce fut un choc terrible de voir que tout ce qui reste de notre passé n'était qu'un ramassis d'édifices ignobles, dans une pagaille qui dépasse toute description. Un bloc d'appartements peinturé d'un bleu insoutenable luttait contre d'autres abris de fortune pour le même espace vital. Que reste-t-il de notre belle villa glorieuse? Des bribes de roche de la cuisine avec son toit en lambeaux et quelques pierres de fondation en béton qui ressortaient...  

Mon retour à Huế servait 2 motifs: d'abord accomplir un périple trans-vietnamien nord-sud pour remémorer ma jeunesse en visitant les différentes villes où j'avais vécues. De Hanoi, le bercail dans lequel j'avais vu le jour en 1950, en passant par Huế, le lieu sentimental de mes années d'enfance et finalement Saigon, dernière étape de nos déplacements avant mon départ au Canada en 1968. Et ensuite je voulais reconstruire le passé de mon grand-père, en retraçant sa carrière étincelante que j'ai entendue parler sans trop en connaître.

Nous sommes parvenus à l'hotel Thành Nội situé de l'autre côté de la Forteresse pour y séjourner. Décembre et janvier sont les 2 mois clés pour visiter Huế, grâce au climat adoucissant qui est toujours au rendez-vous dopé par un soleil bienveillant et omniprésent. Dans la soirée, la cour de l'hôtel offre un espace généreux et agréable, pourvue d'un pavillon en forme de pagode aux piliers lisses et stylisés à l'intérieur duquel les invités pourront prendre un jus de cocotier ou déguster un léger repas local en observant le coucher de soleil écarlate s'éteindre derrière les murs fortifiés de la Cité.

Nous avons fait connaissance de deux couples de français durant notre excursion du tombeau de Minh Mạng le 3ème empereur des Nguyễn, situé  en dehors de la cité. Nos amis français sont arrivés à Huế après avoir visité le Nord du pays et par hasard sont restés dans notre hôtel. Les 2 messieurs étaient officiers commandants de l'armée française à la retraite. Ils ont passé par Dien Bien Phu durant leur visite, place incontournable pour les nostalgiques de l'époque colonialiste française. Nous sommes devenus toutefois bons amis et leur avons visités en France, chez eux à Nice et dans le Cantal respectivement. Ce soir-là à Huế, les plats locaux aidant, nous avons eu à nous six, un souper inoubliable dans la cour de l'hotel, en plein clair de lune. La qualité et la saveur gastronomique des mets vietnamiens semblaient créer une convivialité entre des peuples différents, et une manière d'adoucir les discussions qui semblaient s'enflammer.

La renommée de Huế est historiquement reliée à la dynastie des Nguyễn parmi lesquels Gia Long en était le fondateur au début de son règne en 1802. Après sa mort en 1820, Minh Mạng son 2ème fils succédait au trône pendant 21 ans en s'avérant être le point culminant de cette dynastie. Inspiré par une mission sacrée pour  consolider la monarchie absolue, Minh Mạng imbu par la doctrine confucianiste et possédant une force de caractère hors du commun, lançait un vaste programme de réformes pour moderniser l'appareil de l'État, de fond en comble, en créant une administration à l'image d'un souverain dynamique et efficace.  

Minh Mạng avait un objectif clair: affermir les institutions du pays qu'il a renommé Đại Nam ('Grand Sud') pour se défendre contre l'influence étrangère, signal sans équivoque envers la France, la Grande Bretagne et les É-U considérés comme puissances hégémoniques. Carrément hostile envers l'influence pernicieuse du Christianisme qu'il traite de croyance hérétique, il était présent à la Cour de Gia Long et acceptait mal la compromission de son père qui avait dû solliciter le support intéressé de la France dans la lutte contre les frères Tây Sơn.

Sa tombe située à 12km de Huế, à l'ouest de la Rivière des Parfums était une démonstration parfaite de la combinaison de 3 éléments:  harmonie, beauté et grandeur. Selon le principe géomancien ('phong thủy') d'antan l'harmonie résultait d'une optimisation du milieu naturel, à partir duquel il existe une symbiose entre la créativité humaine et la magnificence de la nature, d'où un constat de paix et de sérénité. La beauté quant à elle, est une quête permanente du lettré avec son sens inné de l'esthétique et de la forme. Et la grandeur n'est que le reflet d'une force morale suscitant l'autorité et appuyée d'une force brute qui maintient le pouvoir.

Quelques observations sont de rigueur concernant les 3 tombeaux royaux que j'ai visités à Huế. Minh Mạng, tout comme Tự Đức et Khải Định, avait élaboré bien en avance son site funéraire, une fois au pouvoir en 1820. Il avait personnellement entamé la recherche du site 6 ans après son accession au trône et seulement 14 ans après en 1840, il a enfin trouvé l'emplacement qui lui semblait adéquat. Les autocrates frappés de folie des grandeurs, mais conscients de leur existence éphémère et de leur contribution modeste, voulaient assurer la pérennité des oeuvres réalisées de leur vivant, en exagérant leur importance. D'où le corollaire: plus leur règne était décevant, plus leur vie outre-tombe se transformerait en apothéose. Méditons cette phrase inédite de Robespierre: '' la mort n'est que le commencement de l'immortalité''.

Le tombeau de Minh Mạng, à vue d'oiseau ressemble à un papillon géant avec ses ailes inégalement déployées, séparant un lac idyllique en 2 moitiés. Le visiteur passe d'abord par la grande porte  Đại Hồng Môn, un portail impressionant composé de 3 entrées principales. Le linceuil de l'Empereur passait par la porte centrale le jour de ses funérailles et sera fermée à jamais.  Seules les 2 portes adjacentes resteront ouvertes pour le commun des mortels. Au delà du Đại Hồng Môn, nous contemplons une cour d'honneur dans laquelle s'alignaient des statues de courtiers civils et militaires, de taille réelle, et celles d'animaux: éléphant, cheval et même dragon taillé en fer sous une coupole tassée dans un coin.

Des marches impressionantes d'escalier s'annoncent au fond de la cour d'honneur et nous amène à un pavillon de stèle, sur un monticule de dimension carrée bien proportionnée. Passé cet édifice, la porte Hiền Đức s'élève sur un balcon miniature, site des plus accueillant et révélateur. En emboitant le pas, nous sommes en face du temple Sùng Ân, un ensemble  majestueux pour sa largeur, au toit rempli de tuiles jaunâtres avec un portique renforcé de piliers dorés.

Nous traversons un autre portail, le Hoàng Trạch et en face sur un terrain élevé, surgit le pavillon Minh Lâu qui nous relie au pont Trung Đạo divisant un joli étang rempli de lotus et de plantes aquatiques. À distance nous pouvons contempler un portail fortifié annonçant le tombeau de l'Empereur, sur les hauteurs, hermétiquement entouré d'un haut mur circulaire. Ci-gît Minh Mạng dans sa Cité Interdite, imperturbable dans son repos éternel. Ainsi se termine le pélerinage du visiteur et débute enfin le fief réservé à l'après-vie du grand monarque, paradis absolu et oasis hors limite pour le commun des mortels.

Il a fallu 3 ans de 1840 à 1843 avec l'aide de 5000 coolies pour parachever le chantier monumental . De l'esquisse aux détails, la main omniprésente de l'Empereur au crépuscule de son règne, y était dans la conception et la réalisation de son oeuvre. Ce qui m'a frappé, c'est la forme géométrique élémentaire. Cercle, carré ou rectangle est la règle et même les toits stylisés ne sont pas enroulés comparés autres édifices de l'époque: l'idée sous-jacente étant la ligne droite, de l'entrée principale au site d'enterrement final. Linéarité, simplicité, symétrie, sérénité et puissance. Une démonstration classique d'harmonie, de beauté et de grandeur. Un exemple de Majesté.

Le tombeau de Tự Đức n'en est pas moins spectaculaire par sa dimension et par sa construction élaborée. Niché au sein d'une vallée contigue, à 8km de Huế, il fut conçu pour refléter la personalité du monarque. Muni d'un ensemble complexe et sophistiqué d'édifices, plus d'une cinquantaine, l'emplacement traduisait son souci de tranquillité et d'isolement, loin des artifices de la Cour. L'empereur le fit ériger initialement de son vivant, pour être un havre de paix dans lequel il pourrait s'adonner à la chasse, la pêche, la lecture et la poésie. 

La végétation y est abondante, l'eau placide, en présence de ces frangipaniers de légende, 'fleurs du temple' veillant sur les âmes errantes, et se disputant leur position de choix. L'ambiance idyllique laisse le visiteur songeur et faisait du site un lieu prisé pour une retraite royale. Mais l'entreprise fut édifiée dans le sang et les larmes, 4000 coolies ayant usé de leur vie durant 3 années. Elle avait même provoqué la révolte de Chày Vôi, forçant Tự Đức à modifier son nom de Vạn Niên Cơ (monument millénaire) à Khiêm Cung (palais modeste).

L'empereur en était conscient de l'humeur du peuple et cherchait à soigner son image. L'emplacement respirait néanmoins un air décadent et de décrépitude, avec ses monuments délabrés, ses surfaces érodées et ses couleurs fanées et désuètes. Du vivant de Tự Đức et de nos jours, le site lui était emblématique et une métaphore éloquente de son règne. Pour un monarque dont la modestie retrouvée demeure une qualité rare, elle n'est qu'un substantif dénué de toute substance.

En s'introduisant dans l'enceinte du mausolée par la porte principale, le visiteur descend le long d'un corridor carrelé de céramique Bát Tràng, le plus prisé du pays. Le lac Lưu Khiêm se trouve sur la droite avec son pavillon Xung Khiêm, bien ancré sur son rivage. Passé le pont Tiên Khiêm, la tombe de l'empereur Kiến Phúc lorgne de loin, dans un coin du vaste domaine, entouré de ses murs simples et solennels: timide mémorial pour un monarque modeste et sans conséquence.

Le mausolée de Tự Đức est précédé par une stèle gigantesque abritée dans un pavillon contenant sa fameuse épitaphe Khiêm Cung Ký, un sommaire en 4935 mots sur son règne. Une tablette de pierre pesant 22 tonnes requérant 4 années pour la transporter de la carrière à sa destination finale. Dans l'au-delà, l'empereur semblait décidé de justifier ses actes avec contrition et remord. Et l'histoire de son tombeau avait pris une tournure insolite. En fait, son corps ne se trouvait probablement pas au lieu désigné de peur d'être transgressé. Les rumeurs circulaient sur un trésor de l'empereur  avec ses restes, entrainant l'exécution sommaire de 200 ouvriers assignés à son site funéraire et gardant ainsi le mystère de sa sépulture intact.

Jusqu'à l'ère de Minh Mạng et Thiệu Trị, les 2ème et 3ème règnes des Nguyễn, le Vietnam uni était fermement sous contrôle, l'ordre et la sécurité maintenus grâce à une administration efficace qui menait ses tâches sans anicroche. Avec l'accession de Tự Đức, 4ème empereur de la dynastie, et ses 3 fils qui suivront, Dục Đức, Hiệp Hoà et Kiến Phúc, la nation subira une période de tourmente et de tragédie sans précédent, la plus douloureuse de l'histoire du Vietnam. Les historiens s'accordent que le pays avait dès lors commencé à se désintégrer, et perdre son indépendance.

Cet épisode de l'histoire soulève une question inévitable: le régime monarchique en chute libre avait perdu de sa raison d'être et voyait déjà ses heures comptées. En plein chaos et dans un trou noir politique, les adeptes d'un ordre nouveau au Vietnam auront la vie facile et ne pourront trouver de meilleures pièces à conviction. Ils sauront installer inexorablement leur propre version de l'autoritarisme.  

Tự Đức maintenait le règne le plus long des Nguyễn, de 1847 à 1883, soit 36 ans. Après lui, ses 3 fils adoptifs réunis ne purent durer un an. Dục Đức, son successeur immédiat régna 3 jours, Hiệp Hoà 3 mois et 29 jours et Kiến Phúc 6 mois 29 jours. Ce fut l'épisode surnommée '' Tứ Nguyệt Tam Vương'' (3 rois en 4 mois). Et selon la liste des souverains dans l'histoire, le Vietnam détient le triste record mondial dans 2 catégories: 8 rois ont régné pendant moins d'un an, et 3 d'entre eux en moins d'une semaine!

Sa Majesté Tự Đức comme ses prédécesseurs, maintenait une ligne politique rigide, inspirée d'une valeur sûre importée de Chine, le confucianisme.  Ce mode de pensée ultra conservareur affichait une opposition farouche et tous azimut à l'innovation et aux idées extérieures. Cet immobilisme de principe était transmis à travers les règnes depuis Minh Mạng, son grand-père, pour sauvegarder l'absolutisme de droit divin. Aucune déviation de ces valeurs immuables ne serait concevable. Tel fut le code de conduite du Vietnam d'autrefois, exacerbé par un obscurantisme et une xénophobie élevés en idéologie d'État et adopté par toute la classe
politique.

Être sensible et obéissant envers ses parents et muni d'une connaissance approfondie du Confucianisme, Tự Đức est en plus reconnu pour être un poète de talent. Mais sa santé précaire ne lui était pas favorable, et prédestinait l'échec de son règne malheureux. Physiquement diminué et émotionellement fragile, c'était un personnage plaintif et habité d'une susceptibilité pathologique. Son existence était une suite d'épreuves. De l'enfance maladive, qui le rendait impotent et incapable de procréer, des révoltes se sont succédées au cours de son règne, jusqu'à l'invasion étrangère par les français aboutissant à l'atrophie de l'intégrité territoriale, summum de son humiliation. Shakespeare n'aurait pu trouver meilleur protagoniste pour ses pièces tragiques. 

Son règne désastreux est relaté dans son épitaphe qu'il avait lui même rédigé, une mauvaise augure pour un monarque en panne de succession. Il décrivit ses échecs qui sont nombreux et fit état de ses triomphes parcimonieuses. Les inscriptions remplissaient les 2 côtés de l'énorme stèle érigée devant son site funéraire. Elles trahissaient le caractère indécis d'un monarque sans perspective, miné par les préjugés et entouré de courtiers ineptes et manipulateurs, tous assoiffés de pouvoir. Ses écrits, délectables comme elles sont, n'étaient qu'un exercice de mea culpa thérapeutique, sollicitant un pardon auprès de la postérité.  La médiocrité de ses descendants dûment pris en charge ne firent que réduire à néant les espérances déjà faibles, après sa propre déchéance.

Marié à l'âge de 15 ans, il avait eu plusieurs épouses sans pouvoir produire un dauphin en raison d'une variole qui l'a rendue impotent. Depuis 1865, Tự Đức avait prévu sa relève en désignant 3 neveux pour sa succession: Ưng Thi né en 1864,  le futur empereur Đồng Khánh plus tard, Ưng Ái, né en 1853, adoptant le nom de Ưng Chân, et devenant son successeur immédiat en 1883 sous le nom Dục Đức et Ưng Đăng, né en 1869, qui sera l'empereur  Kiến Phúc cette même année.

Le règne de Tự Đức coincida avec le début de l'invasion française et son éventuelle occupation du pays. En 1858 la marine française attaqua Gia Định et les 3 villes de la région Est, obligeant Tự Đức, par l'intermédiaire de son ambassadeur Phan Thanh Giản illustre officier impérial, à signer un traité de paix en 1862. La situation  était foutue à priori mais l'empereur s'entêtait à croire en ses troupes, pourtant ineptes à tous les niveaux pour renverser la situation, et refusa tout compromis avec l'envahisseur. 

En juillet 1867, la France réussit l'occupation des villes restantes à l'ouest de la Cochinchine (Vietnam du Sud) et Phan Thanh Giản,  l'homme de confiance se donna la mort, n'ayant pas réussi à éviter la défaite et ramener la paix. Tự Đức à la limite du désespoir, exprima ses remords. Il écrivait dans son épitaphe: '' mon corps s'amenuisait chaque jour ainsi que mon esprit... Être assis ou être allongé ne réduirait pas mon amertume...Ma tête dévisagée était encore plus pâle. N'ayant pas atteint la quarantaine, mes cheveux semblaient blanchir comme ceux d'un vieil homme... Je voulais me remettre à Dieu dans le Ciel pour achever ma tâche car je ne pouvais plus compter sur les gens d'ici-bas...''

Son règne s'étant avéré un désastre escompté, Tự Đức s'empressa de dénicher un successeur capable de redresser la situation calamiteuse dans laquelle il se trouvait. Il conservait lui même un rapport écrit sur l'évolution des 3 fils adoptifs, et Ưng Chân l'aîné semblait le plus malléable quoique Tự Đức mettait un bémol sur son choix. Il écrivait:'' Ưng Chân a vite progressé dans ses études et en maturité, cependant sa capacité visuelle qui laisse à désirer pourrait compromettre sa vision des choses! Ajoutée à son instinct de promiscuité(!), c'est mauvais signe pour les affaires de l'État... même si le royaume a désespérément besoin d'un bon gouvernail. Que puis-je faire?'' L'empereur a oublié de mentionner que sa propre mère Từ Dũ avait aussi soutenu le choix de Ưng Chân.

Son Altesse Impériale Từ Dũ était particulièrement respectée par  Tự Đức et par les officiers du royaume . Elle est l'archétype de mère et d'épouse au dessus de tout reproche dont la grâce et l'autorité morale lui permettaient de s'exprimer sur bien des sujets. Tự Đức lui manifestait une dévotion totale, à un point tel qu'il rédigea un recueil 'Từ Huấn Lục' (paroles éducatives) inspiré par les pensées de sa mère, qu'il traitait comme son livre de chevet. Elle n'avait pas retenu ses mots et commentait sans ambages sur les courtisans du royaume. '' Depuis toujours, la cupidité (des courtisans) a été leur motivation, un abcès que personne ne pouvait y trouver remède..., une administration publique qui fait du tort au peuple au lieu de l'aider et un titre à la Cour n'est qu'un permis éhonté pour l'enrichissement personnel. Si cette manne de richesse n'appartenait pas au peuple, d'où pouvait-elle en venir alors...?'' Malgré toute sa dévotion et sa sagesse prémonitoire, la reine mère Từ Dũ était incapable de reproduire un grand leader d'un sang royal désormais anémique.

Quelques jours avant sa mort, Tự Đức avait commis une autre bavure qui donna le coup fatal à son remplaçant. Le 17 juillet 1883, réunissant sa garde rapprochée de courtisans, il a voulu clarifier et confirmer Ưng Chân au titre suprême. Plusieurs officiels à la Cour émettaient leur réserve quant au rapport écrit critiquant le prince héritier, càd son manque de caractère et son incapacité de devenir efficace. Ils pensaient à effacer les passages peu louables qui pourraient ultimement être préjudiciable au nouveau roi. À la surprise générale, Tự Đức insista pour garder le texte intact, comme un garant de la bonne conduite du futur souverain. Et ceci devrait être lu et connu publiquement le jour de l'intronisation...  

Deux jours après le décès de Tự Đức, la Cour s'était rassemblée pour officiellement couronner Ưng Chân sous l'appellation Dục Đức. Trần Tiễn Thành, un membre de la Régence lut le décret royal de l'empereur défunt au sujet du nouveau monarque, car aucun membre s'aventurait à le faire. Au paragraphe controversé, il commença à tousser fortement en voulant dissimuler son aspect critique devant l'assemblée. Il ne se rendit pas compte qu'il s'est fait piéger par certains membres qui ne voulaient rien savoir de Ưng Chân en tant que souverain, notamment Tôn Thất Thuyết et Nguyễn Văn Tường.

Thuyết le ministre de la défense, personnage illettré et infâme était  un habitué des intrigues. Avec Tường, ministre d'État sans état d'âme et sans scrupule, tous deux n'attendaient que cette omission de Thành pour décrier ceci comme une manoeuvre pour faire introniser un roi inepte. Thuyết fit détenir Dục Đức, le roi fraîchement désigné ainsi que d'autres membres de l'assemblée royale.  Toute cette scène a été préparée d'avance par les fanatiques inconditionnels qui résistaient à toute solution négociée avec l'envahisseur français. 3 jours seulement après sa nomination, le règne de Dục Đức a pris fin. L'ordre fut donné par Thuyết et Tường d'empoisonner le roi déchu, sans succès pour l'instant.

Le roi Dục Đức en dépit de ses défaillances, était le bon choix dans les circonstances. Sa destitution était une preuve de profonde division et de lutte interne des officiels de la Cour, entre ceux qui voulaient une solution pacifique avec les Français, et en premier lieu le nouveau monarque, et les jusqu'auboutistes sanguinaires qui prêchaient la lutte armée. Ayant l'audace d'apprendre le français en négligeant ses leçons confucéennes, l'esprit libéral et l'ouverture aux idées occidentales du nouveau roi étaient choses de trop aux yeux de Thuyết et Tường. Ils considéraient Ưng Chân, devenu roi Dục Đức pour 3 jours, comme un coup fomenté par les Français et leurs complices à la Cour de Huế.

Le roi déchu languissait dans sa cellule, affamé et maltraité. Tandis que sa vie tenait par un fil, un soldat de garde ayant pitié pour son souverain lui donna secrètement à manger avec quelques poignées de riz et de l'eau que Dục Đức a dû presser d'une chemise en lambeaux. Quand le geste complicite du gardien fut dénoncé, l'ex- roi détrôné succomba au milieu d'une privation abominable. Son corps émacié fut enveloppé dans une natte de paille et emporté par 2 gardes, pour être enseveli à An Cựu (pas loin de notre propriété). Sur le chemin, le cercueil improvisé se détacha et ses restes tombèrent par terre. Thanh Thái, son fils deviendra empereur en 1889, six ans après sa fin misérable. La saga de ce roi de l'infortune prit fin lorsqu'il sera enterré solennellement  dans un site décidé par Thành Thái, nommé An Lăng (site du repos éternel).

Que votre Majesté repose en paix... Ceux qui vous ont odieusement martyrisée en commettant ce crime de lèse majesté sur votre personne auront à subir un sort plus misérable que le vôtre, car la fin ne justifie pas tous les moyens. Face à la postérité, toutes les larmes versées en votre mémoire vont assouvir votre soif de justice et de rédemption, avec tout le respect et l'amour qui vous étaient redevables.

Père tout-puissant, regarde-moi ici bas!
Écoute-moi, je t'implore dans la poussière! 
Ne laisse pas encore disparaître la puissance
Que ton miracle m'a offerte.
Tu m'as donné de la vigueur,
Tu m'as donné une force supérieure.
Tu m'as prêté la qualité d'éclairer
Celui qui pense avec bassesse,
D'élever ce qui est dans la poussière.
Tu as changé l'opprobe du peuple en éclat et majesté.
Ô Dieu ne détruis pas l'oeuvre édifiée pour te louer!
Seigneur, dissous la nuit profonde
Qui recouvre les âmes des hommes!
Offre-nous un reflet de ta puissance qui atteint l'éternité!
Mon seigneur et père, regarde-moi ici-bas!
Tourne ton regard vers nous depuis les cieux!
Mon Dieu, tu m'as donné une force supérieure.
Exauce-moi, mon imploration fervente.

(Prière de Rienzi, Richard Wagner)

Le duo Thuyết-Tường s'empressa de nouveau à débusquer un autre candidat au poste vacant. Thuyết se penchait sur Hồng Dật, le 29è fils de l'empereur Thiệu Trị et demi-frère de Tự Đức. Pour rendre leur choix plus digestible, les 2 conspirateurs le soumettaient à l'impératrice Từ Dũ solicitant son soutien. Elle a déféré la question par sa réplique cinglante: '' nous sommes encore sous le deuil de notre roi bien aimé avec l'ennemi extérieur se trouvant déjà à nos portes. Si les hommes de votre génération sont incapables de rémédier à la situation, que pourrions-nous faire, moi et mon faible corps?  Quelle que soit la personne choisie dans les circonstances, la décision sera la vôtre à prendre!''

Ayant la main mise complète mais agissant sous pression, Thuyết et Tường amassèrent les mâles de sang royal pour enclencher un processus de sélection. Lorsque ce fut au tour de Hồng Dật, il s'éleva en criant: ''je suis le dernier né de notre Roi vénéré, et doté d'un caractère médiocre, mille fois votre offre je ne pourrais l'accepter ...!''  Après maintes disputes et supplications réciproques, Hồng Dật se résigna à être roi sous l'appellation Hiệp Hoà. Constamment malmené par Thuyết et Tường, le nouveau roi a tenté par un effort ultime de les faire arrêter, avec l'aide des agents français. Il fut forcé à se suicider (le 29 novembre 1883) lorsque sa tentative s'est avortée.  Son règne a duré moins de 4 mois et Trần Tiễn Thành l'officiel régent qui avait protesté contre ce nouvel acte de déchéance fut aussi assassiné la même nuit.   

Après l'extermination de Hiệp Hoà, Nguyễn Văn Tường porta son choix sur Ưng Đăng, le nouveau et 3ème roi en quelques mois, sous le nom Kiến Phúc. Il fut le plus jeune des 3 fils adoptés par Tự Đức, accédant au trône à l'âge de 14 ans, et offrant le pouvoir de facto au couple Thuyết et Tường. Ce fut durant cet épisode que le Vietnam perdait son indépendance, via le traité Patenôtre du 6 juin 1884. Le pays était ainsi morcelé en 3 régions administratives, le Tonkin (le Nord), l'Annam (le Centre) et la Cochinchine (le Sud). Et subitement Kiến Phúc mourut de façon suspecte le 31 juillet 1884, étant sur le trône pour moins de 7 mois, ses restes reposant dans l'enceinte du mausolée de Tự Đức. L'épopée rocambolesque des '3 rois en 4 lunes' tira donc à sa fin.

Le dernier tombeau visité appartenait à Khải Định, le 12ème et avant dernier monarque des Nguyễn, de 1916 à 1925. Il est situé au mont Châu Ê, à 10km de Huế. Le monument reflétait fidèlement la personne du monarque, avec un brin d'hindouisme, de gothique, de boudhisme et de sculpture romane, bref un amalgame qu'il appréciait. L'édifice propre est un modèle parfait de mausolée massif mais de taille réduit comparé à celui de Minh Mạng et de Tự Đức. Le visiteur devra monter les 127 grandes marches atteignant la cour d'honneur, suivies par 37 autres avant d'atteindre le sommet, avec la sensation d'accéder à un monde extra-terrestre flottant dans les nuages, le rendant admiratif et rêveur. 

La décoration intérieure ressemblait à un musée art-déco rempli d'objets d'exhibition, aux murs ornés de tuiles céramiques splendides et entourés de statues frappées en or et en bronze représentant l'empereur. Tout le décor semblait être surréaliste et d'un goût douteux, dans un style caractérisé par un narcissisme volontier. Khải Định n'était pas un héro du Vietnam. Monarque faible et bizarre à bien des égards, il est considéré comme une marionnette à la solde des colonialistes français, comme la plupart des rois Nguyễn, ce dont notre guide vietnamien nous a dûment rappelés durant notre visite.

De manière paradoxale, en dépit de l'héritage peu reluisant qu'ils nous ont laissé, sans ces monuments, ces palais et tombeaux magnifiques, le verdict historique sur cette dynastie serait encore plus dévastateur.

Post scriptum:

Le 6 novembre 1925, mon grand-père Nguyễn Đăng Tam, responsable du Cơ Mật (Conseil Royal Privé) envoya un télégramme au délégué général Pasquier lui annonçant le décès de Khải Định au cours de la matinée. Plusieurs jours après, il informa celui-ci de l'accession du prince Vĩnh Thụy, fils unique de Khải Định, comme nouvel empereur, sous le nom Bảo Đại ('grandeur protectrice'), avec Tôn Thất Hân (le frère de Tôn Thất Thuyết) comme régent. Pour le peuple du Vietnam, il n'y aura pas de sursaut historique car le règne de ce 13ème et dernier souverain des Nguyễn (1926-1945) fut un creux vidé de toute substance.

Nguyễn Đăng Lưu
Ottawa






 

 


















   








  














 









Saturday, February 27, 2010

My journey back to Huế and its past

January 2008Add Image
It has been 54 years since I came for the first time to the Ancient City of Huế, and the year was 1954. I was born in Hanoi 4 years earlier but went south after the Geneva Accord splitting Vietnam into North and South. Our family left Hanoi and settled in Huế, the place my father grew up in the An Cưu district and the home of the Nguyễn Đăng family. We stayed there for less than a year under precarious conditions, and moved to Tourane (Đà Nẵng) and finally to Saigon in 1957.

My childhood memory of this place was fragmentary at best, filled with blurred sights of our grandfather's residence. It was a beautiful and solid mansion situated a few miles south of the Imperial City walls where he worked as a Court mandarin under the Nguyễn dynasty. I do remember An Cựu, especially its dormant and unpretentious river, flowing close next to the front garden. I went swimming there during the lazy siestas and dreaded the leeches sticking to my skinny body every time I went down the river bank for a splash.

Nowadays An Cựu has notably expanded in size, with a bustling market which makes the river look even more narrow. On our second day upon arrival, my partner Hoà and I went to Cung An Định, a catchy yellow palace built in 1906 by Emperor Thành Thái. We didn't go in but instead went knocking at the gate of another residence a few houses down the road. We wanted to find the whereabouts of my family property. Inside we met the owner, an 80 year-old lady with aristocratic demeanor and immaculate traits that didn't betray her age. In a soft voice she introduced herself as princess Mẫn, a niece of Đồng Khánh, the 9th emperor of Annam.

We were led into the altar room displaying the pictures of her uncle Đồng Khánh and other members of the Nguyễn royalty, i.e emperor Bảo Đại, and his eldest son Bảo Long. ''My main duty'', she confided, ''is to commemorate their life and uphold their memory.'' Seeing the portrait of the handsome Bao Long in military regalia, I dared ask about him. '' His Imperial Highness just passed away last year in Paris'' she replied. Each year she organized a family reunion to celebrate their memory in An Cựu with members of the Nguyễn imperial family.

Ten years after the disappearance of Bảo Đại in 1997, the pretender to the throne also died at the age of 71 in France. Crown Prince Bảo Long was born in 1936 in Huế. Unlike his father Bảo Đại, a reputed womanizer, he was of a different character, unassuming and serious to the point of austerity. He was in open conflict with his father during the years they spent in exile. Physically and mentally he was closer to his mother, Empress Nam Phương who had high expectation of their oldest son to one day rule Vietnam.

In 1954, by the own account of Nguyễn Mộng Điệp the first mistress of Bảo Đại, Ngô Đình Diệm the main pretender to lead South Vietnam after the Geneva Accord, concocted a plan to win over the Nguyễn dynasty. Without notifying Bảo Đại, he approached Empress Nam Phương asking her to return to South Vietnam and perform the role of Queen Regent. Bảo Long the heir to the throne would then be declared as the new emperor, Bảo Đại's time having long expired in the eyes of Diem. The attractive offer led Nam Phương to go on packing and ready to leave. Her thinking of having Bảo Long becoming the next sovereign at the helm of the nation would be the climax of a dream fulfilled.

Diem always behaved like the perfect traditionalist, having dutifully served (and quit) under Bảo Đại's rule in 1932. He had a profound respect and liking for the Empress which makes his plan even more credible. Unfortunately, the plan never materialized. Perhaps Diem had his wings already well spread over South Vietnam and with his self confidence on the rise, he changed his mind, or it was just a trick with the American acquiescence. The whole episode left an aftertaste of betrayal for the Bảo Đại camp and gave Diem an image of a calculated usurper. Had Bảo Long been able to occupy the throne, Vietnam would have had another chance as a constitutional monarchy, following his father's abdication in 1945.

Rest in peace beloved Prince and harbor no regret. From your Enlightened Tower and with your innocent lenses, the Land of the Dragon was in fact a decrepit world in a distant planet, unfathomable and unforgiving. It would probably make your fate no brighter than your father's in the eyes of History.

Cycling along the An Cựu river, we finally arrived at the site of my grandfather's villa. After much asking around to no avail, it appears that the place had disappeared. The road next to the river and the whole area are packed with mingling merchants and people on their daily routine, and our bicycles could hardly clear a path. Dwellings, roads and river melted into one. The An Cựu river shore is eaten up and its opaque filthy water seems to flow from a large ditch.

I recall the high walls around a massive gate entrance with bougainvillea flower plants on top, heading towards a double stairways that led to the main reception room of an elegant and sturdy mansion. For an innocent lad, time stood still during those days, a peaceful and quiet place to live, in an idyllic environment, far from the anxiety of adulthood. It was a rude awakening that our grandparents estate is now just a pile of rubbish, chaotic beyond words to describe. A new apartment building in tacky blue color competes and wrestles with sagging shelters for the same space. What's left from the old glorious villa? Only part of the kitchen roof and some traces of the concrete foundation are left protruding.

My return to Huế served 2 main motives. First, a trans-Vietnamese north-south journey to refresh myself with the past by visiting the different cities I have spent part of my childhood. From Hanoi, the craddle city I came to life, passing through Hué, the sentimental spot of my early years, and finally Saigon, the last leg of my displacements before I left in 1968. And second, to retrace my grandfather's past shedding some light into his illustrious career we heard about but hardly knew.

We checked into a government run hotel called Thành Nội , situated next to the Imperial Fortress itself. December and January are the best months to visit Huế, the weather seems to cool down markedly and the sun is ever present . In the evening, the hotel spacious courtyard was more than pleasant , with a pagoda-like pillared pavilion intended as a restaurant where guests could sip a coconut drink or have a light meal watching the sunset vanishing beneath the fortified walls of the Imperial City.

We made acquaintance with 2 French couples during one of the visit to Minh Mạng tomb outside of the Imperial City. They came to Huế for sightseeing after a tour of North Vietnam and stayed at our hotel. Both of them were retired commanding officers in the French Army. We became close friends since then. We even went to visit them in France afterward. That evening we got together, in the second day of our stay and having a long and protracted meal in the courtyard, the six of us. The aromatic quality of Vietnamese cuisine seems to create consensus among people, local and foreign, a good manner to lighten any topic of discussion when it becomes too hard pursuing.

Huế's raison d'être is historically connected to the Nguyễn dynasty which came into being with Gia Long, its founder who started his reign in 1802. After Gia Long's death in 1820, Minh Mạng his second son came to power. His reign lasted 21 years and was the high point of the whole dynasty. He was infused with the sacred mission of empowering and solidifying the monarchy. Imbued by Confucian doctrine but possessing an inner drive, he launched a vast program of revitalizing the machinery of state, from top to bottom and created a kind of administration equal to his image as a dynamic and effective sovereign.

Minh Mạng had a very clear objective: strengthening the institutions of the land-which he renamed Đại Nam (the big South)-in order to defend it against foreign influence, a clear message to expansionist powers like France, Britain and even the USA, that he meant business. He was dead set against the pernicious influence of Christianity, having been in Court well before becoming emperor, and observing the precarious position of Gia Long who had to rely on France to unify Vietnam after years of civil war against the Tây Sơn clan.

His tomb at 12 km from Huế on the west bank of the Perfume River exemplifies the perfect combination of harmony, beauty and grandeur. Harmony deriving from the concept of ''phong thủy'' (geomancy) or landscape optimization, whereby man made undertaking and nature magnificence coexist, creating an environment of peace and serenity. Beauty as an unrelenting quest from people of learning with an innate sense of Esthetics. And grandeur for autocrats like him, lusting for power and relishing eternal greatness.

A few observations about the three royal tombs I visited in Huế. Minh Mạng, like emperor Tự Đức and Khải Định, planned well in advance his burial site when he just came to the throne in 1820. He personally commissioned his courtiers to search for a site 6 years into his reign and it took until 1840, 14 years later to find a suitable location. These rulers wanted to demonstrate that whatever accomplishments they made during their reign should be extended beyond. There should be a continuum, as their lifetime achievements inevitably fell short of their own expectations . As a corollary, the worse their reign turned out to be, the more sumptuous their tomb would be achieved.

Minh Mạng tomb's overview resembles a butterfly with its unevenly spread wings splitting an idyllic lake in 2 equal halves. As visitors, we first encounter the Đại Hồng Môn Gate, a three door main entrance. The Emperor's corpse went through the middle door on his burial day and it had been closed since. Only the left and right doors remain open to the public. Beyond the Đại Hồng Môn, we contemplate a leveled honor courtyard lined up with life size civilian, military courtiers and animal statues: elephants, horses, even dragon under an iron cupola in one corner.

At the end of the courtyard lie straight ahead the stairs leading up to the stele pavilion, on a mound, square and well proportioned. Passing through it, we face the Hiền Đức Gate, mounted by a miniature balcony, an exquisite and endearing site! Still walking directly ahead, we now face the Sùng Ân Temple, a majestic ensemble for its width, with marvelous yellowish tiles on its roof, with red portico and golden painted supports.

Comes across another gate, the Hoàng Trạch and in front on higher ground, the Minh Lâu Pavilion surges ahead so that we could reach through the Trung Đạo bridge dividing an inviting pond filled with lotus and marine plants. And finally, in a distance we could contemplate the richly decorated gateway that invites the mysterious Emperor's tomb on a mound, surrounded by a tall circular wall. Like the Forbidden City, here lies the undisturbed resting place of Minh Mạng. A visitor's pilgrimage comes to an end and begins an off limit paradise reserved for a king.

It took 3 years from 1840 to 1843 and 5000 coolies to finish the building project and one could imagine the direct hand of the Emperor behind its design during the last year of his reign. What struck me was the basic geometrical lines of the whole architecture. Circular, square and rectangular lines are the rule and even the stylish roofs are not so convoluted compared to most other pagodas or temples. The basic underlying tenant of Minh Mạng mausoleum is the straight line, from the main entrance to the final burial site. Straightforwardness, simplicity, symmetry, serenity and strength. What a classic example of harmony and lasting beauty! Well done Majesty.

Emperor Tự Đức's tomb is no less spectacular by its sheer size and elaborate construction. Located in a narrow valley, 8km from Huế, it was built also to reflect the personality of this monarch. With a complex and refined ensemble of monuments and buildings, more than 50, the place matched his longing for tranquility and isolation, far away from the animated Court with its artifice and superficial practices. He built the place not only as a burial site but to spend time there, an oasis for hunting or fishing, reading or writing poetry.

The lush vegetation, placid water and an atmosphere of eerie tranquility made it the ideal place for a royal retreat. Frangipani trees the ''flowers of temples'' standing guard among the wandering souls vie for their best spot. But the undertaking was built with blood and tears from 4000 coolies who sacrificed their lives during 3 years. It triggered the Chày Vôi revolt which consequently forced Tự Đức to change its name from Vạn Niên Cơ to Khiêm Cung or Modesty Palace. The Emperor knew how to spin and care about his image. The entire surrounding does breath an air of decay and decrepitude with moss grown monuments, eroding surface and fading paint. It makes the site an emblematic and apt metaphor of his reign.

Upon entering the compound through the main gate, the visitor walks down a long path paved with ceramics from Bát Tràng, the finest in Vietnam. The Lưu Khiêm Lake is on the right with the Xung Khiêm Pavilion well entrenched on its shore. Beyond the Tiên Khiêm bridge, Emperor Kiến Phúc's tomb looms ahead in a corner of the vast domain, in its simple and solemn surrounding walls. It was a modest tomb indeed for a modest short lived emperor.

Tự Đức mausoleum is preceded by the huge stele inside a pavilion which contains his famous epitaph Khiêm Cung Ký, a 4935 words summary of his reign. It's a 22 tons stone tablet which took 4 years to transport from the quarry to its final destination. Beyond life, the Emperor seemed resolute to justify his actions with contrition and remorse. And the story of his tomb took an interesting twist. In fact, his body was not buried there for fear of being desecrated. And rumors were circulating that he brought down his treasure with him to be hidden somewhere while 200 workers assigned on his burial site were beheaded keeping the secret of his whereabouts intact.

Up to Minh Mạng and Thiệu Trị era, the second and third reign of the Nguyễn, unified Vietnam was under control, with law and order maintained and an administration performing its tasks unperturbed. With Tự Đức, the fourth reign and those of his three successive sons, Dục Đức, Hiệp Hoà and Kiến Phúc, the nation was swept into an unprecedented period of turbulence and tragedy, one of the heart-wrenching parts of Vietnamese history. Historians are unanimous to conclude that Vietnam's fortune as a nation began to unravel and it lost its independence then. The episode demonstrates an inescapable fact: one needs looking no further to find all the nonsenses of the monarchist regime.

Tự Đức maintained the longest rule of the Nguyễn, from 1847 to 1883. After him, his three adopted sons didn't last a year altogether. Dục Đức, his immediate successor lasted 3 days, Hiệp Hoà 3 months 29 days and Kiến Phúc 6 months 29 days. It was the ''Tứ Nguyệt Tam Vương'' calendar (3 kings in 4 months). Incidentally, the list of world monarchs with the shortest reign in history is revealing. Vietnam holds the world record in 2 categories: 8 kings reigned less than a year and 3 kings reigned less than a week.

His Majesty Tự Đức like his predecessors, maintained the political orthodoxy line: a staunch imported Confucianism i.e unflinching opposition to foreigners and innovation. That type of ultra-conservatism was nurtured by his father Thiệu Trị, himself molded by his own father Minh Mạng to uphold absolutism and divine rule. No deviation from the rigid and perennial values of one man rule is imaginable. These were the code of conduct of ancient Vietnam, fashioned by an obscurantist and xenophobic attitude elevated as a model i.e an ideology for the whole elite class.

Tự Đức was a sensitive and an obedient son to his parents, and an accomplished poet with deep subtle knowledge of Confucian philosophy. The unfortunate part of his life which already decided his miserable rule was his poor health. Physically he's a wreck and emotionally he's unstable which makes him a pathological whiner. His existence was a litany of misfortunes. From early illness, which brought him family setbacks (being unable to have children), followed by internal revolts and finally foreign invasion by the French, culminating with the loss of territorial integrity, the ultimate humiliation. Shakespeare couldn't have found a better subject for his plays.

The disastrous reign he led was described in his epitaph that he wrote it himself, a bad omen for a ruler who has no family successor. He described his failures which were numerous and boasted his successes which were few. His epitaph filling the 2 sides of the enormous bearing inscription on his burial site, betrayed a shortsighted and indecisive leader, hampered by prejudice. He surrounded himself with inept and manipulative mandarins, lusting for power. His writings, beautiful as they are, were a therapeutic exercise of mea culpa, begging his subjects for forgiveness. The low prospect for his adopted offsprings sank even further after his demise.

Married at 15, he had subsequently many wives but was unable to procreate due to smallpox which kept him impotent. Since 1865, he was planning already for his succession by selecting 3 nephews as potential candidates: Ưng Thi born 1864, later as emperor Đồng Khánh, Ưng Ái, born in 1853, the name changed to Ưng Chân, who became his successor in 1883 as Dục Đức and Ưng Đăng, born in 1869, becoming emperor Kiến Phúc that same year.

His rule coincided with the start of French invasion and occupation in Vietnam. In 1858, the French navy attacked Đà Nẵng, assaulted Gia Định and three cities of the Eastern region, forcing Tự Đức through his envoy Phan Thanh Giản, an illustrious imperial officer to sign a peace treaty in 1862. While the fighting went on and kept worsening, Tự Đức stubbornly hung in the hope that his troops would reverse the setbacks and was in no mood to compromise with the invaders.

In July 1867, France succeeded in occupying the remaining cities in the west of Cochin China and Phan Thanh Giản his trusted adviser committed suicide. Tự Đức expressed his remorse and went into despair. He wrote in his epitaph:'' My body was sicker each day and my mind numb... Sitting or lying down would make me no less bitter... My face became more pale and wretched. Although not yet 40, my hair already turned white as an old man... I can only pray God in Heaven to finish my task for I didn't get much help from mortals so far...''

Sensing his tenure as a foregone disaster, Tự Đức was obsessed to find a suitable successor to redress the calamitous situation the country was in. He personally wrote a report card for each of the adopted sons. Ưng Chân, the oldest appeared more acceptable although Tự Đức didn't seem enthusiastic about his choice. He wrote '' Ưng Chân obviously is ahead in his studies and adulthood, but his inadequate eyesight may hamper his foresight! And with a promiscuous instinct, this may not be a good sign to fulfill the affairs of state... although the realm is in dire need for a mature person. What can I do? '' The emperor didn't mention the fact that his own mother Từ Dũ has put her support behind the choice of Ưng Chân.

Her Imperial Highness Từ Dũ was highly respected by Tự Đức and the whole Court. She typified the behind the scene regal spouse with the grace and authority to have her own opinion heard on all subjects related to the kingdom. So much so that Tự Đức wrote down her sayings into a book (Từ Huấn Lục), as food for thought. She made unvarnished observations about the dealings of court officials: '' Since forever, greed was their main motivation, a disease no one seemed to find an effective remedy. A public administration that hurts rather than helps its people. And a title at the Royal Court became an open license for personal enrichment. If that wealth didn't belong to the masses, where did it come from?'' With all her wisdom and maternal devotion, she was in no position to reproduce leadership and talent out of rotten blue blood.

A few days before his death, Tự Đức committed another mistake that proved fatal to his successor. On July 17, 1883, his inner circle met to clarify and confirm Ưng Chân as the next ruler. Many officials have reservations about the written report the emperor made criticizing the crown prince i.e his lack of character and his inability to become a good monarch. They wanted to erase the few negative lines that would unduly burden the next ruler. But to the amazement of his entourage, he insisted to keep his statement intact as a reminder for the future king! And that should be read publicly on the enthroning day!

Two days after Tự Đức's death, the royal Court assembled to formally crown Ưng Chân as emperor Dục Đức. Trần Tiễn Thành, a regent official read the defunct's decree about the new monarch, as no one dared to volunteer . At the critical paragraph, he started to cough loudly and tried to conceal the controversial part from the attendance. He didn't realize he fell into a trap set up by some members in the Court that were dead set against Ưng Chân as the new ruler, namely Tôn Thất Thuyết and Nguyễn Văn Tường.

Thuyết, the minister of defense, an infamous and inveterate court intriguer, along with his associate Tường the unscrupulous minister of state, were just waiting for this mishap to happen. Thuyết jumped onto Thành's omission and decried it as maneuver to enthrone an inept king. He had Dục Đức detained along those who supported the new king. The whole scene was obviously been planned well in advance. It was a palace coup from the traditionalists who resisted any negotiated solution with the French. Just 3 days after being nominated, Dục Đức's tenure came to an abrupt end. Thuyết and Tường ordered the deposed king to be poisoned and put to death, but they didn't succeeded.

Dục Đức with all his character failings was the best choice under the circumstances. His sacking was more a sign of deep division and infighting among the Court officials, between those who supported a conciliatory approach towards the French, chief among them was the new emperor himself, and the warmongers who preached armed resistance. Having the audacity to learn French and neglecting the Confucian lessons, his liberal mind and his openness to Western ideas were too much for the ultra conservatives like Thuyết and Tường. They saw Ưng Chân thrust to the throne as a conspiracy of the French and their secret agents inside the Court.

The deposed king languished in a prison cell and died of mistreatment and hunger. While his life hung by a thread, one guard soldier having pity for the ex monarch did secretly feed him with some palms of rice and water Dục Đức had to press from an tattered shirt. When the soldier's complicit behavior was denounced, the dethroned emperor miserably succumbed out of deprivation. His emaciated body was wrapped inside a straw mat (chiếu) and carried away by two guards, to be buried in An Cựu, near the Tường Quang pagoda. On the way, the improvised coffin snapped and his corpse fell on the ground. Well after his death, his son Thành Thái became emperor in 1889. The tragic saga of a miserable king was put to rest for the last time. His remains were solemnly entombed at a place king Thành Thái named An Lăng (the tomb of eternal rest).

The Thuyết-Tường duo was again scrambling to find another candidate for the vacated throne. Thuyết was leaning towards Hồng Dật, the 29th son of Thiệu Trị and half brother of Tự Đức. To make their selection process more credible, they submitted the idea to Empress Từ Dũ and asked for her support. She deflected the request with her reply: '' we are still mourning our beloved king while on the outside the invaders are getting closer, if people of your generation is unable to deal with the situation, what could I do with my old feeble body? You should choose whoever is suitable to be the next king!''

Having carte blanche and running out of time, Thuyết-Tường amassed the royal males and started the interview process. When Hồng Dật's turn came, he stood up and started crying: '' I am the youngest of my venerated King Father, with mediocre character, a thousand times I can't accept the offer!'' After much wrangling and begging from both sides, he was pronounced King with the name Hiệp Hoà. Being repeatedly threatened by the 2 conspirators and king makers Thuyết and Tường, Hiệp Hoà made a last ditch attempt to make them arrested with the help of French officials. He was forced to commit suicide (on November 29th, 1883) when the plan was uncovered. His reign lasted less than 4 months. Regent official Nguyễn Tiễn Thành who protested this second destitution move by the Thuyết faction, was also murdered that same night.

After the extermination of Hiệp Hoà, Nguyễn Văn Tường's choice Ưng Đăng became the new emperor, Kiến Phúc. He was the youngest of the three adopted sons of Tự Đức. He took the throne at the age of 14, giving Thuyết and Tường de facto power at the Court. It was during his reign that Vietnam formally lost its independence, by the Patenôtre Treaty of June 6, 1884. Vietnam was divided into three administrative regions, Tonkin (North), Annam (Centre) and Cochinchina (South). Then Kiến Phúc suddenly and suspiciously died on July 31, 1884. His reign lasted less than 7 months. The heart breaking epic of ''4 moons and 3 kings'' came to an end. His remains lay inside the surroundings of Tự Đức tomb.

The last site we visited belongs to Khảỉ Định's. He was the 12th emperor, from 1916 to 1925. His tomb is located on the Châu Ê mountain, 10km from Huế. It duly reflects the personality of the monarch, with a blend of Hindu, Gothic, Roman, Buddhist sculpture, an amalgam he cherished. It's a perfect model of a mausoleum, massively constructed and of reasonable small size compared to others. The visitor just climbs up, 127 steps reaching the main honor courtyard , followed by another 37, before reaching the main entrance to the burial site.

The interior decor resembles a museum filled with exhibit artifacts, surrounded by splendid tiled walls, alongside guild bronze and gold statues of the emperor. The whole decoration looked a bit tacky in a surrealist and dubious style inspired by an obviously narcissistic character. Khải Định was no hero in Vietnam, past and present. He's considered a puppet king, weird, weak and at the mercy of the colonialist French, as many of the Nguyễn's rulers were.

Paradoxically, as shabby as their legacy was, without the monuments, palaces and magnificent tombs the city of Huế inherits from its loathed royal rulers, History's verdict on the Nguyễn dynasty would have been far worse.

Footnote:

On November 6, 1925 my grandfather Nguyễn Đăng Tam, in charge of the Cơ Mật (Privy Council) sent a telegram to French representative Pasquier that Khải Định has passed away that early morning. A few days later, he also informed Pasquier that prince Vĩnh Thụy, Khải Định unique son will be the next emperor as Bảo Đại, with Tôn Thất Hân as Regent. The reign of Bảo Đại (1926-1945), the 13th of the Nguyễn dynasty will be the last.

Monday, February 22, 2010

Nguyen Dang Tam (1867-1937): grand mandarin sous la dynastie des Nguyen


Nguyen Dang Tam naquit le 1er février 1867 à Tân-phu-Dông, commune
de An-Trung, région de Sadec, ville de Vinh-Long. Toutefois il adopte à l'âge adulte le domicile de son père Nguyen Van Giai comme lieu de résidence, soit le village de My-Duc, commune de Thach-Bang, district de Phong-Phu, région de Quang-Ninh, ville de Quang-Binh.

Ayant eu déjà une grande notoriété dès le jeune âge pour ses études en lettres chinoises, il s'est converti dans la langue de Molière vu l'influence de la domination française à cette époque. Il poursuit donc ses études et se distingue au Collège de My-Tho, suscitant une grande admiration par son intellect.

Ses années scolaires terminées et son diplôme d'études en main, l'État annamite l'a affecté dans l'enseignement à l'école principale de My-Tho. Peu de temps après, il occupe de nouvelles fonctions auprès de l'Office du Commerce et par la suite au Service Politique Colonial en tant que Commis Principal dans le Trung Ky(région Centrale).

Son érudition et sa connaissance profonde du Confucianisme lui ont permis ultérieurement d'aboutir à la cour d'Annam, accédant au poste de ministre des Rites, de l'Éducation et de la Culture. Serviteur inconditionnel de l'État et fonctionnaire chevronné, il a légué à ses compatriotes et à ses descendants une carrière émérite par sa longévité, après un parcours méthodique et exemplaire.

CURRICULUM VITAE

Décembre 1884: Obtention du Brevet Elémentaire Titre Français
13 Mars 1885: Instituteur de 3è classe au Collège de My-Tho
1 Octobre 1885: Démission du poste d'enseignement
8 Juin 1887: Affecté comme Secrétaire, Office du Commerce
1 Décembre 1887: Secrétaire adjoint de 2è classe
1 Avril 1888: Promu comme Secrétaire titulaire de 2è classe
16 Mars 1889: Retrait de l'Office du Commerce
27 Avril 1889: Affecté au poste d'Interprète adjoint de 2è classe, service de la Résidence Supérieure, région du Centre

1 Janvier 1890: Interprète adjoint de 1ère classe
1 Novembre 1890: Promu comme Interprète officiel de 6è classe
1 Juillet 1892: Interprète officiel de 5è classe
4 Juillet 1893: Interprète officiel de 6è classe (Démotion)
1 Novembre 1894: Interprète officiel de 5è classe

7 Avril 1895: Transfert à la cour d'Annam, Institut des Registres (administrateur de 7è classe)
1 Janvier 1897: Interprète officiel de 4è classe
14 Juin 1897: Administrateur de 6è classe, Institut des Registres
1 Janvier 1899: Interprète officiel, 3è classe
1 Janvier 1901: Interprète officiel , 2è classe
1 Janvier 1903: Interprète officiel, 1ère classe
1 Janvier 1906: Promu comme Interprète principal, 2è classe

17 Février 1908: Examen réussi comme Commis politique
1 Mars 1908: Commis politique 3è classe
14 Juillet 1911: Commis politique 2è classe
10 Décembre 1911: Promotion honorifque comme Thai-Thuong Tu-Khanh (3è rang)
14 Juillet 1915: Commis politique 1ère classe
8 Juillet 1919: Élevé au rang de Commis principal,
section Politique, rétroactif depuis le 14 Juillet
date d'accession comme Commis politique de 1ère classe

1 Juillet 1920: Commis principal 2è classe
1 Août 1920: Promotion honorifique de Tuan-Vu, 2è classe
5 Mars 1923: Réaffecté comme Inspecteur (2è rang) avec cumul en tant que Secrétaire général du Conseil Privé (Co-mat vien)
12 Janvier 1924: Élévation honorifique comme Ministre (2è rang cumulé du poste de Secrétaire général du Co-mat)

13 Mars 1926: Grand Officier Impérial, Ministre des Rites, de l'Éducation et de la Culture et Secrétaire général du Conseil Privé

TITRES ET DÉCORATIONS

19 Janvier 1906: Médaille Kim-Khanh 2è classe
1 Décembre 1907: Médaille de l'Alliance Française
10 Avril 1911: Médaille d'Honneur en argent de 1ère classe (Ngân-bôi tinh nhut hang)
28 Octobre 1916: Médaille d'Honneur en or de 2è classe
(Kim-bôi tinh nhi hang)

31 Mars 1920: Conféré Chevalier de l'Ordre Royal du Cambodge
2 Janvier 1922: Médaille d'Officier de l'Académie Française
25 Mai 1922: Médaille des Millions d'Éléphants et
du Parasol blanc du Laos
6 Février 1923: Conféré Officier du Dragon d'Annam

11 Mars 1924: Conféré Chevalier de la Légion d'Honneur
2 Décembre 1925: Décret de l'État du Bénin pour le titre de Chevalier de l'Étoile Noire de Bénin
22 Février 1925: Décret de l'Empereur d'Annam pour la médaille du Kim Khanh de 1ère classe

Ce survol biographique du Grand Officier Impérial et Hiep Ta Dai Hoc Si Nguyen Dang Tam souligne son accomplissement et dévouement durant les règnes successifs de Thanh Thai, Duy Tan, et en particulier de Khai Dinh et Bao Dai, les derniers souverains appartenant à la dynastie des Nguyen. Sa carrière hors du commun est fondée sur deux qualités inestimables: une rectitude morale à toute épreuve et une honnêteté infaillible faisant de lui un personnage très respecté à la cour.

Pour un sudiste-centriste avec le privilège de servir à la Cour de Hué et accéder au titre suprême de Grand Officier et Ministre de Sa Majesté Impériale, il est parvenu aux plus hautes fonctions du pays en incarnant aux yeux de ses compatriotes du Sud le succès et l'espoir d'un certain renouveau. Pendant l'interrègne de Khai Dinh à Bao Dai en 1926, il a joué un rôle primordial mais discret durant cette période charnière de l'histoire du Vietnam.

Source documentaire:
Sadec Nhon-vat-Chi, dossier intitulé: '' Lich-su Le-Bo Thuong-Thu Nam Trieu Nguyen Dang Tam''
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